par Andrea Gagliarducci
Il s'agit surtout d'un changement profond de philosophie, qui ne peut manquer d’entrainer des répercussions. Soit la réforme sera corrigée, soit le droit canonique devra être corrigé.
Il faut dire que le père jésuite Gianfranco Ghirlanda, qui a été appelé à présenter le texte au bureau de presse du Saint-Siège, a fait de son mieux pour expliquer la pleine continuité de la nouvelle constitution apostolique avec les enseignements des papes précédents. L'archevêque Marco Mellino, secrétaire du Conseil des cardinaux, avait également tenté d'expliquer la raison d'être de la réforme, de même que le cardinal Marcello Semeraro, aujourd'hui préfet de la Congrégation pour les causes des saints, mais anciennement secrétaire du Conseil des cardinaux.
De nombreuses questions restent sans réponse dans la grande réforme voulue par le pape François. De nombreuses questions restent ouvertes. Et il faudra probablement encore beaucoup de travail pour s'assurer que chaque passage est conforme au droit canonique.
Essayons donc de mettre les choses en ordre, de comprendre quel est le but de la nouvelle constitution apostolique et quels sont ses moyens.
Une Église plus missionnaire ?
Dès le début de son pontificat, et déjà dans les congrégations générales qui ont précédé le conclave qui l'a élu, le pape François a parlé d'une Église qui sort et qui est missionnaire. Il a exposé son idée de l'Église dans l'exhortation apostolique Evangelii Gaudium, qui est un véritable programme de gouvernance.
Déjà dans Evangelii Gaudium, le pape François soulignait que " n’a pas encore été suffisamment explicité un statut des conférences épiscopales qui les conçoive comme sujet d’attributions concrètes, y compris une certaine autorité doctrinale authentique. Une excessive centralisation, au lieu d’aider, complique la vie de l’Église et sa dynamique missionnaire " (EG. 32).
Décentralisation, donc, au nom d'une plus grande nature missionnaire de l'Église et pour donner une plus grande importance aux conférences épiscopales, qui apparaissent 52 fois dans le texte (dans la constitution précédente, Pastor Bonus, elles ne sont mentionnées que deux fois).
Et pourtant, si l'on compare les textes, dans Pastor Bonus, n. 8, on lit " qu'il est non seulement inconcevable que la Curie romaine empêche ou conditionne, comme un diaphragme, les relations et les contacts personnels entre les évêques et le Souverain Pontife, mais au contraire, elle est, et doit être de plus en plus, un serviteur de la communion et de la participation aux préoccupations ecclésiales "
L'idée de décentralisation existait déjà. Ce qui a changé, c'est le sens donné à l'ensemble de la structure de l'Église. A commencer par le nom donné aux bureaux. Auparavant, il s'agissait de congrégations et de conseils pontificaux. En pratique, les ministères avec ou sans portefeuilles. Les premiers, étant des organes de gouvernement, devaient être dirigés par un cardinal, et si celui-ci n'était pas cardinal au moment de la nomination, il était appelé pro-préfet. En effet, les décisions devaient être prises collégialement avec le pape, avec lequel il y avait parité de rang. Pour la même raison, les conseils pontificaux devaient être présidés par un archevêque.
La décision de Pastor Bonus a suivi, de manière très précise, les indications du Concile Vatican II, qui ont ensuite été transposées dans le Code de droit canonique, en particulier dans le canon 129. Et c’est précisément ce canon qui représente probablement la plus grande rupture avec la tradition.
Le thème du canon 129 et le rôle des laïcs
Le canon 129 ouvre le titre VII du Code de droit canonique, qui porte sur la question du " pouvoir du gouvernement ". Le canon souligne que " au pouvoir de gouvernement qui dans l'Église est vraiment d'institution divine et est encore appelé pouvoir de juridiction, sont aptes,...
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