Par Dominique Vermersch, Recteur émérite de l’Université catholique de l’Ouest, ancien Modérateur général de la Communauté de l’Emmanuel.
Comme s’il fallait encore dissiper quelque doute, la nomination au début de l’été 2023 de Mgr Tucho Fernandez à la tête du dicastère pour la doctrine de la Foi constitue un nouveau moment paroxystique et totalement ambivalent de l’exercice pétrinien en cours. Il a fallu en effet une bonne dose de propos hétérodoxes pour que la congrégation pour l’Education catholique se soit opposée dans un premier temps à sa nomination comme recteur de l’Université catholique de Buenos Aires, nomination finalement actée en 2011… sur l’insistance du cardinal Bergoglio. La suite de l’histoire est connue : ghostwriter du pape François, Mgr Fernandez s’est surtout illustré dans la rédaction d’Amoris Laetitia, et notamment de son chapitre huit qui a cristallisé en retour la difficulté croissante à donner un assentiment raisonné au magistère du pape François. Tout cela évidemment questionne la manière dont sera rendu désormais le service de la doctrine[1].
Si l’on revient à Amoris Laetitia, l’Exhortation sur l’amour dans la famille, il en ressort en effet des avis durablement contrastés. Les uns, théologiens patentés, n’ont pas hésité pas à emprunter les accents du Nunc dimittis, reconnaissant dans Amoris Laetitia un déplacement « de la doctrine catholique tout entière, sur le mariage et le divorce… mais aussi sur la reconnaissance du péché et de la faute, quand il ne s’agit pas de la théologie morale elle-même ou de l’ecclésiologie »[2]. Alors que d’autres se sont évertué à démontrer la continuité...
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